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Regards croisés : Nicolas & Jérémy, la naissance de Moulin Moulin
Ils s’appellent Nicolas et Jérémy. L’un vient du design, l’autre opticien. Ensemble, ils ont transformé un ancien moulin oublié de la Côte d’Opale en un lieu de respiration douce et de déconnexion.
Mais Moulin Moulin, ce n’est pas qu’une maison d’hôtes. C’est un chapitre de vie. Un virage. Une évidence née entre deux confinements, un coup de coeur venu par hasard.
À deux voix, ils nous racontent la genèse d’un projet pas comme les autres né il y a maintenant 3 ans.
Qu’est-ce qui vous a donné l’envie de tout quitter pour créer Moulin Moulin ?
Nicolas : Il y a eu une lassitude, une envie de changer de décor. Le Covid a cristallisé plein de petites choses, dont une remise en question pro. Un jour, un peu par réflexe, j’ai tapé “maison à vendre” et j’ai exploré les coins les plus improbables : La Réunion, l’Ardèche, la Belgique… jusqu’à tomber sur ce vieux moulin. Un coup de tête, mais pas un coup de folie.
Jérémy : Moi je suivais de loin, jusqu’à ce que Nicolas m’envoie faire un repérage. L’endroit m’a surpris. Un peu brut, un peu hors du temps. Puis on y est retournés ensemble. Et là, tout s’est aligné : l’envie de ralentir, de créer un lieu à notre image, de revenir à quelque chose de plus simple.
Moulin Moulin, c’est un projet ou une philosophie de vie ?
Jérémy : Les deux sont indissociables. On n’a jamais vraiment planifié nos vies sur dix ans. On fonctionne par envies, par saisons. Et là, c’était le bon moment pour ouvrir un nouveau cycle.
Nicolas : C’est une maison, oui. Mais c’est aussi une façon d’habiter le monde autrement. Ici, on a appris à regarder le temps qui passe, à savourer ce qui pousse, ce qui change. C’est ça qu’on propose aux gens qui viennent : un endroit pour souffler.
Pourquoi ce nom, “Moulin Moulin” ?
Nicolas : Parce que le lieu a toujours été un moulin, dans l’usage comme dans la mémoire des gens du coin. L’effacer aurait été une forme d’arrogance. Le redoubler, c’était une façon de le faire résonner. Il y a un petit côté ritournelle aussi, comme “Meunier, tu dors”. Et puis, ça reste en tête.
Jérémy : C’est une invitation à revenir. Une forme de boucle douce.
Vous avez tout rénové vous-mêmes ?
Jérémy : On a gardé les choses qu’on pouvait, transformé les autres. Le vieux plancher est devenu banquette, poulailler, coffrage… Rien ne se perd. Et quand ça ne nous plaisait vraiment pas, on a tout emmené chez Emmaüs.
Nicolas : L’intérieur, c’est nous. Meubles de famille, objets chinés, un peu de design, un peu de débrouille. Ce n’est pas figé, ça vit avec nous. Chaque hiver, on recommence quelque chose. C’est notre manière de rester curieux.
Il y a une vraie conscience écologique derrière tout ça ?
Nicolas : C’est du bon sens plus que des grands principes. Réutiliser, faire avec ce qu’on a, isoler sans trahir la maison. On a remplacé la chaudière fioul par une biomasse. Ce genre de gestes, pour nous, c’est naturel.
Jérémy : On pense que la beauté naît aussi de ce qu’on respecte. Le paysage ici, il est brut, mêlé. La vieille cimenterie, les marais, les dunes… On voulait s’intégrer à ça sans le maquiller.
Et aujourd’hui, qu’est-ce qui vous touche le plus dans ce que vous avez créé ?
Jérémy : Le calme. Les gens nous le disent souvent. Il y a une vraie intimité ici. Une douceur discrète. Et puis nos petits-déjeuners sont devenus un vrai rituel pour nos hôtes, ça fait plaisir.
Nicolas : Ce moment le matin, quand la brume s’accroche au lac, que tout est silencieux. On se dit qu’on a eu raison.
Et la suite, vous l’imaginez comment ?
Nicolas : On veut continuer à faire évoluer la maison. Créer une grande salle pour accueillir des stages, des retraites, des séminaires. Et pourquoi pas un espace bien-être.
Jérémy : Mais sans courir. Moulin Moulin, c’est aussi ça : avancer lentement, mais avec justesse.
Moulin Moulin n’est pas un lieu figé. C’est un mouvement, une respiration. C’est l’histoire de deux hommes qui ont décidé un jour de tourner la roue autrement.
Et de vous y inviter, le temps d’une pause.
